Comme cadeau pour notre pratique, le Museon Arlaten nous a offert son écrin magnifique pour ce début d’année. Un beau et heureux présage pour 2024…
Avec les médiatrices, nous avons choisi de travailler le thème des rituels. Le Museon est riche d’objets rituels et le yoga recèle des trésors cérémoniels, des routines posturales, des gestes consacrés. Libre à nous de les vivre avec l’intention que nous souhaitons, que ce soit en vue d’un parcours initiatique, de l’appartenance à une communauté, ou bien encore comme un tremplin spirituel.
Le rite est ce qui nous relie (aux autres, à une société, à nous). Tout comme l’étymologie de « yoga » qui renvoie au fait d’unir, de rassembler.
La séance a eu lieu dans la belle salle du Consistoire précédée par la visite guidée des collections sous l’angle que nous avons précédemment défini.
KUNDALINI
Pendant la visite du Museon (que vous pouvez parcourir en cliquant ici), avant la séance de yoga, nous avons la chance de redécouvrir la salle Festadiaire consacrée aux croyances avec ses amulettes. Par exemple, l’oeuf de serpent que j’affectionne particulièrement. Cet oeuf, une pierre ovale et noire, rappelle à s’y méprendre les lingams de Shiva, présents dans nombre de temples en Inde. Or Shiva est une divinité associée au serpent (il en porte un autour de sa gorge notemment). Le serpent nous ramène à l’une des notions-clef du yoga : la Kundalini. Cette énergie ultra puissante est en dormance à la base de notre colonne vertébrale. Elle est représentée par un serpent enroulé trois fois et demie autour du lingam de Shiva (la colonne). Par les pratiques de yoga et de méditation, cette énergie peut se réveiller. Le serpent alors se dresse sur sa queue. Ce qu’on appel « l’éveil ».
PARALLELE ENTRE LES PRATIQUES DEVOTIONNELLES
Dans le Museon, nous nous arrêtons aussi devant les Dioramas, ces représentations grandeur nature de scènes avec mannequins et décors grndeur nature, crées à l’époque par Frédéric Mistral (prix Nobel de litérature 1904).
Notamment celui des Relevailles, où la jeune mère présente le bébé à la communauté en se rendant à l’église. Ici, elle est représentée sur son lit d’accouchée. Des femmes apportent des présents à l’enfant comme les bonnes fées . Du sel pour qu’il soit sage et pur, du pain pour qu’il soit bon comme le pain, et une allumette, pour qu’il soit droit, dans tous les sens du terme. C’est l’occasion de faire un parallèle entre les pratiques dévotionnelles chétiennes et hindoues, et aussi de revenir sur l’importance de la verticalité. Se tenir droit, outre un bon entretien de notre dos, c’est assumer et sublimer cette verticalité de l’être humain. Etre un homme ou une femme debout. Grandir et s’élever spirituellement.
Il y a également le Diorama de la Veilée Calendal (Noël) qui nous fait revivre le passage de l’ombre à la lumière.
N’est ce pas ce qu’illustre le mantra célèbre ?
asato mā sadgamaya
tamaso mā jyotirgamaya
mṛtyormā’mṛtaṃ gamaya
Conduis-nous de l’ignorance à la vérité,
de l’obscurité vers la lumière
de la mort à la vie éternelle
YOGA ET ESPACE-TEMPS
Enfin, dans la visite comme dans la séance, nous évoquons les douze salutations au soleil. Outre le symbole solaire, nous pouvons penser au douze pains (pour les douze apôtres). Et à la coutume provençale des treize desserts (douze comme les apôtres plus le Christ).
Toutes ces résonnances et ces échos sont très fertiles. Ils nous aident à poser un regard neuf sur les objets du musée et sur notre pratique du yoga.
LE POURQUOI DES RITUELS
Les rituels servent de multiples buts. Ce qui est très intéressant, c’est qu’ils peuvent changer, disparaître parfois ou bien, évoluer. Certaines fêtes rituelles perdent en popularité puis sont remises au goût du jour après quelques transformations. C’est exactement le même phénomène que dans le yoga. Comment cette pratique indienne millénaire, secrète, sacrée, s’est exportée de nos jours en occident, a été revisitée pour finalement connaître l’essort planétaire que l’on sait.
Mais le rituel premier, et le plus important, c’est notre intention, le premier pas qui nous conduit sur le tapis.
Premier pas esquissé par le corps.
Honorons dès lors ce véhicule rituel, de toute notre gratitude. Ainsi que le moment sur le « tapis magique »…
Par le yoga, nous nous retrouvons à la croisée du temps et de l’espace. Le propre du rituel étant de nous transporter dans une temporalité et un espace différents. Par lui, nous faisons un pas de côté, hors du quotidien. C’est un moment particulier, précieux et unique (même s’il peut être répété de multiples fois). Finalement, c’est pour ce rendez-vous privilégié avec nous-mêmes que nous remettons régulièrement les pieds sur le tapis.
Om shanti
